ASANTE SANA

ASSOCIATION POUR L’AIDE, LES SOINS À DOMICILE
ET LA PRÉVENTION DE L’EST VAUDOIS

2022

Un laboratoire cerne les besoins des seniors

A Lausanne, le senior-lab développe des projets dédiés à la qualité de vie des personnes âgées. Son coordinateur Rafael Fink décrit les enjeux de société qu’il observe.

Comment décrire le senior-lab ?

Nous sommes une plateforme d’innovation et de recherche créée par trois hautes écoles vaudoises, à savoir la Haute Ecole de la santé La Source, la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion (HEIG-VD) et l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Le partage de points de vue et le croisement des compétences représentent une plus-value et permettent une approche globale et complémentaire. Nous réalisons des projets participatifs et veillons à ce que toutes les parties concernées (seniors, acteurs publics et privés, entreprises et associations) soient impliquées afin de développer des solutions mieux adaptées aux besoins des bénéficiaires finaux.

Sur quels genres de projets travaillez-vous ?

Dernièrement, nous avons travaillé sur les technologies de maintien à domicile. Nous avons réuni des seniors avec des profils hétérogènes. Notre objectif était de comprendre leurs attentes et besoins. Les seniors montrent une ouverture à adopter ces technologies, pour autant qu’elles soient réellement utiles en termes d’autonomie, de sécurité et que leur autodétermination soit toujours respectée. Un autre projet concerne les établissements médico-sociaux (EMS). Les personnes interrogées ont suggéré d’y intégrer des services ouverts au public, comme un office de poste ou une boulangerie. Faire de l’EMS un véritable espace de vie permet de mieux l’intégrer à la société.

Autre enjeu : la fracture numérique s’élargit-elle ?

D’un côté, on assiste à une augmentation du nombre de personnes âgées et de l’espérance de vie. De l’autre, les services en ligne deviennent incontournables. Pensons à la facture avec code QR… En 2022, nous avons échangé avec des seniors, leurs proches et des fournisseurs de services en ligne comme les banques, les cantons, Swisscom ou les CFF. Penser qu’avec le temps, la fracture numérique n’existera plus est illusoire. La fracture n’est pas liée uniquement à l’âge, mais aussi aux connaissances et aux ressources. Certes, les compétences des seniors augmentent, mais l’évolution technologique continue. Impliquer les bénéficiaires dans le développement des services et accompagner celles et ceux qui n’y arrivent pas est nécessaire pour favoriser l’universalité et l’inclusion.

Quelles sont les motivations des seniors qui participent ?

Le cadre intergénérationnel leur plaît, tout comme le fait d’être utile à la société et de développer des solutions. Ce qui est valable dans ces ateliers l’est plus généralement : les personnes âgées ont encore un rôle à jouer. Veillons à ne pas discriminer ou les infantiliser, mais donnons-leur les moyens de participer à la société et d’être autonomes le plus longtemps possible. A ce sujet, les CMS jouent un rôle fondamental : ils assurent des services de proximité en créant des liens de confiance, et sont en première ligne dans la lutte contre l’isolement social.

Rafael Fink est le coordinateur du senior-lab, fondé en 2018 à Lausanne. ©senior-lab

«Penser qu’avec le temps, la fracture numérique n’existera plus est illusoire. Certes, les compétences des seniors augmentent, mais l’évolution technologique continue.»
Rafael Fink